Juin 2022 - N°4

édito

Du blé pour le pain et la vie

Pr Alain Léon

La première Conférence internationale pour la promotion de la santé, réunie à Ottawa, a adopté le 21 novembre 1986 la Charte d’Ottawa en vue de contribuer à la réalisation de l'objectif de la Santé pour tous. Elle met en exergue un certain nombre de conditions et de ressources préalables indispensables à la santé, notamment « se nourrir convenablement ».

Les humains, « créatures de la faim », ont pour préoccupation principale et vitale, « pouvoir se nourrir ». Malheureusement, 35 ans après l'édition de la Charte, une personne sur dix dans le monde souffre de la faim et deux sur dix n’ont pas un accès régulier et sécurisé à la nourriture.

En effet, en 2021, à l'échelle mondiale, les niveaux de faim sont alarmants. En 2022, le rapport mondial sur les crises alimentaires recense près de 193 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Elles nécessitent une assistance urgente dans au moins 53 pays et/ou territoires, soit une augmentation de près de 40 millions de personnes par rapport au précédent rapport de 2020. Alors que les crises alimentaires décrites dans ce rapport continuent d'être provoquées par de multiples facteurs intégrés, en 2021, environ 139 millions de personnes étaient confrontées à une crise ou pire dans 24 pays ou territoires où les conflits et l'insécurité sont considérés comme la principale cause.

Pourtant, le droit à l’alimentation fait partie des droits humains reconnus par le droit international. En 1948, la Déclaration Universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, incitative, en énonce le principe : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation (…). Elle a droit à la sécurité en cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté » (art. 25). Le droit à l’alimentation fait partie des droits humains reconnus par le droit international. Il doit permettre la protection de l’accès à l’alimentation pour tous, soit en la produisant soi-même, soit en l’achetant. Ce droit est constitutif du Pacte International sur les droits économiques civils et politiques (PIDESC) et du Pacte International sur les droits civils et politiques (PIDCP), signé en décembre 1966 par l'Assemblée générale des Nations unies. Ces deux textes indivisibles, contraignants pour les Etats signataires et entrés en vigueur en 1976 affirment le « droit fondamental qu’a toute personne d’être à l’abri de la faim » (art. 11), le droit de se nourrir. Ils imposent aux Etats « une répartition équitable des ressources alimentaires mondiales compte tenu des problèmes qui se posent tant aux pays importateurs qu’aux pays exportateurs de denrées ». La France a été, en 2015, le 20ème pays à l’avoir ratifié. En 2004, dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale de la Food and Agriculture Organization (FAO), les Nations Unies éditent des Directives sur le droit à l’alimentation qui amènent les États à le mentionner au sein de leur constitution, lui instituant ainsi un degré de protection supérieur. Alors que la production alimentaire mondiale est excédentaire, en 2022, les perspectives sur l'insécurité alimentaire aiguë mondiale sont très inquiétantes.

En effet, après la pandémie Covid 19, la guerre en Ukraine s’invite au festin et brutalement elle détériore des projections déjà très pessimistes. Ces événements nous réveillent et nous rappelent que le blé est une ressource alimentaire essentielle, sinon la plus importante du monde : il sert pour 80% de sa production à l’alimentation humaine. C’est même, à l’instar du pétrole et du gaz, une matière première stratégique qui joue depuis l’origine des civilisations, un rôle central dans le développement des sociétés et l’organisation des relations interhumaines. Sa ressource est localisée essentiellement dans les territoires qui bénéficient des avantages naturels de leur géographie. Rares sont les pays qui peuvent aujourd’hui à la fois produire du blé et en exporter. Même si produire à satiété ne signifie pas exporter, 85% des exportations mondiales de blé sont actuellement assurées par dix États ou groupement d'États, au premier rang desquels se trouvent l’Union Européenne, les États-Unis et la Russie. Trente cinq pour cent des importations mondiales de blé sont le fait de dix Etats seulement, et tout particulièrement des pays de l’Afrique du Nord où l’on trouve la plus forte consommation de pain par habitant et par an, deux fois la moyenne européenne. Faut-il rappeler qu’en arabe aysh’ signifie à la fois le pain et la vie ? La vie est de facto soumise à l’insécurité alimentaire mondiale ; insécurité nourrie par la géopolitique, la fluctuation des prix, la confiscation des réserves, le protectionnisme, le gaspillage…

Dans ce contexte, n'est-il pas devenu urgent de « penser une éthique alimentaire, une éthique comme questionnement existentiel sur le mode de relations que nous construisons lorsque nous mangeons » ? Manger à sa faim, plus que s’alimenter, n’est-ce-pas aussi partager des valeurs et une manière de faire l’humanité, une manière de célébrer une forme de communion avec les humains et avec le milieu naturel. Si l’alimentation est un droit universel, un préalable indispensable à la santé, c’est avant tout un soin qui prend en compte la vulnérabilité de l’autre, l’interdépendance des êtres humains, un soin qui nourrit leurs relations.

Témoignages

Récits autour d’un thème lié au questionnement éthique

Amandine Andruchiw, coordinatrice du site d’appui champardennais

Spiritualité

La spiritualité,
par Annette Goll, pasteure-aumônière à la clinique Rhéna et à la communauté des Diaconnesses de Strasbourg

La spiritualité laïque,
par Yves Martinet, Professeur émérite de pneumologie et Président du Comité d’éthique au CHRU de Nancy

Recherche

Coups d’œil sur la recherche en éthique

Pr Christophe De Champs, Président du conseil d’orientation du site d’appui champardennais

Réflexions autour de la notion de Gestation pour autrui ou GPA

Dr Yves Alembik,
Président du Conseil d’orientation du Site d’appui alsacien

Très clairement, la GPA constitue un avatar de l’aide à la procréation. Mais alors que le bébé éprouvette ou FIV a constitué longtemps une aide médicale offerte à des couples stériles ou qui ne pouvaient avoir d’enfants pour raison médicale, la GPA se situe dans un autre champ, l’utilisation de pratique médicale dans un but sociétal.

Quand on tape GPA sur le net, on tombe tout de suite sur une publicité pour la GPA dans des cliniques modernes en Ukraine avec de belles infirmières et des médecins et juristes, tous jeunes.

La guerre en Ukraine a eu pour effet de révéler la situation de ce pays où la GPA est légalisée et se pratique pour des couples étrangers souvent espagnols et chinois dans une optique très clairement commerciale. Le Monde du 20 mai évoque l’« Imbroglio après l’accueil en France de mères porteuses ukrainiennes »

En résumé, cinq plaintes contre X ont été déposées par l’association juristes pour l’enfance, proche de certains milieux chrétiens, visant des couples français ayant fait venir d’Ukraine des mères porteuses avec lesquelles ils étaient liés par un contrat de gestation pour autrui (GPA) signé avant l’invasion russe, afin qu’elles accouchent en sécurité. Les réponses apportées par les procureurs des ressorts saisis par ces juristes ne sont pas les mêmes. Trois enfants sont déjà nés dans ces situations visées par les plaintes. Un père d’intention expose son cheminement et assume avoir fait venir la mère porteuse, afin qu’elle accouche en France. Il en est le père biologique. Il affirme avoir informé en amont l’administration préfecture, parquet, mairie. La mère porteuse a accouché sous le secret et s’est libérée de tout lien de filiation, le père a fait une reconnaissance de paternité préalable et désormais assume la paternité. Sa compagne se lancera dans une procédure d’adoption de l’enfant. Pour une juriste chercheuse au CNRS, cette affaire montre les limites de l’interdiction nationale de la GPA à l‘heure de la mondialisation. Et elle considère que plutôt que de chercher à maintenir cet interdit coûte que coûte, il serait préférable de chercher à encadrer la pratique.

Reprenons les problèmes un par un.

  1. Qui sont les personnes ayant recours à la GPA à l’étranger ? S’agit-il de la souffrance infinie de ne pas pouvoir donner naissance à un enfant naturellement pour des raisons biologiques ou humaines et la possibilité technique d’y faire face actuellement ?
  2. L’utilisation de la GPA implique l’utilisation du corps d’une femme, qui sera la mère porteuse
  3. Quel sera le statut de l’enfant ?
  4. Quels sont les problèmes médicaux posés par la GPA ? Je citerais la FIV et tout ce qui entoure cette technique avec la préparation hormonale de la grossesse de la mère porteuse, le fœtus, l’accouchement, puis l’enfant qui naît et la séparation humaine du couple mère porteuse, enfant après 9 mois.
  5. La mondialisation et le recours à des systèmes qui réservent cette technique à des couples fortunés.

A chacun de ces points, se posent des questions fondamentales et certains évoquent, en raison de l’aspect commercial existant de par le monde, la possibilité d’une GPA nationale qui serait éthique. Qu’en est-il vraiment ?

La situation des mères porteuses en Ukraine ne relance pas seulement le débat sur la GPA proprement dite, mais aussi celui de l’évolution de l’éthique face à de nouvelles situations rencontrées du fait des progrès techniques. A partir d’une situation de crise qui, concrètement, nous met en face de nos responsabilités, nous avons besoin de temps et de discussions pour aborder tous ces sujets.
Les couples qui entament cette procédure à l’étranger ne le font pas par facilité tant la démarche est lourde, coûteuse en énergie et en argent, inquiétante dans le choix de la personne, et du lieu de naissance.
La femme qui accède à cette demande est certes rémunérée mais elle prend des risques pour elle-même sur le plan de sa santé, mais également pour sa situation de couple et de famille. L’enfant qui naît se retrouve dans une situation inédite. Alors que, jusqu’à présent on pouvait écrire : pater semper incertus est, c’est à présent d’une certaine manière le cas de la mère.

Nous souhaitons développer des pistes de réflexion et de lectures dont nous vous ferons part dans une prochaine newsletter d’échos éthiques.

Pour aller plus loin :
Existe-t-il une GPA éthique?, Le Soir, 03/12/2021
René Frydman : "La GPA éthique n'existe pas, ou de façon exceptionnelle", L’Obs, 14/03/2018
« La seule approche éthique de la GPA consiste à l’interdire et à l’abolir », La Croix, 04/01/2022

presse

Les articles scientifiques ou grand public qui posent des questions éthiques

Pr Gérard Audibert, Directeur de l'EREGE & Pr Michel Hasselmann, Directeur du site d’appui alsacien

Des gestations sous haute surveillance

Bénédicte Thiriez,
Coordinatrice du site d’appui lorrain

Plusieurs articles datant d’avril 2022 mettent en avant une innovation chinoise décrite dans le Journal of Biomedical Engineering du 1er décembre 2021. Cette nouveauté concerne la mise au point d’une machine permettant de contrôler la gestation de fœtus, en dehors du corps de leur mère, au sein d’un utérus artificiel.

Cette recherche concerne pour le moment la surveillance d’embryons d’animaux : les règles internationales n’autorisant pas de recherche sur les embryons humains de plus de 14 jours.
Sun Haixuan, directeur de cette recherche chinoise, explique en détail comment cet appareil peut surveiller de près la gestation de souris par le biais d’une intelligence artificielle programmée afin de contrôler ses apports nutritionnels ainsi que les flux gazeux vers l’embryon. Cet appareil, en ayant accès directement à l’ensemble du corps en développement aurait également la possibilité, de déterminer l’état de santé de l’embryon et par là même de signaler tout problème de développement aux personnels de surveillance. Cette expérimentation animale pourrait laisser à penser qu’elle serait un premier pas vers une solution pragmatique à la chute du taux de natalité en Chine (passé de 13,57‰ en 2016 à 7,52‰ en 2021). Si on compare cette réalité à des dystopies comme « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley ou encore « Bienvenue à Gattaca » d’Andrew Niccola, la réalité ne serait plus si loin de la fiction. Aussi, la société internationale se questionne sur les dérives éthiques qui pourraient en découler. Sélection de la « qualité » des embryons et élimination de possibles organismes détectés « défaillants » (bref, de l’eugénisme), ou encore croissance dans un milieu différent de l’organisme humain privant le fœtus en évolution de toute interaction maternelle… Des recherches, qui nous ont déjà renseignés sur la diversité des stimuli prénataux contribuant, notamment, au développement du tout petit ainsi qu’aux prémices de l’attachement : leur absence nous interroge sur le développement physique mais également affectif de l’enfant à naître.

Autre innovation et nouvelles perspectives, toujours autour du sujet de la gestation mais cette fois-ci en France : un peu plus d’un an avant cette publication était annoncée la première naissance d’un enfant issu d’une greffe utérine. Dans le monde, c’est le vingtième bébé ayant grandi dans un utérus greffé issu d’un don du vivant, le premier ayant vu le jour en 2014 en Suède. Les Brésiliens ont quant à eux permis la naissance d’un enfant issu de l’utérus greffé d’une personne décédée. Il s’agit ici de permettre aux femmes ayant une pathologie par infertilité utérine (de naissance ou acquise) de pouvoir bénéficier d’une grossesse (concerne 10 à 15% des couples). Le questionnement éthique de ce type de greffe concerne tout d’abord la balance bénéfice-risque car une greffe d’organe implique systématiquement un traitement immunosuppresseur aux effets secondaires et à la toxicité importants. Ces grossesses sont dites « à risque » car systématiquement issues de FIV et comportant un taux de réussite encore très bas (en 2017 : 38 greffes d’utérus pour 8 bébés nés, un taux de réussite de 21%).

Ces greffes permettent cependant à la femme de garder l’organe greffé durant 5 années maximum ainsi que l’espoir d’une grossesse avant l’ablation. Ce don d’utérus entre vifs est pour l’instant, en France issu de la mère de la patiente, posant la question de la liberté de choix du don (face à son enfant qui ne peut procréer et à la culpabilité qu’elle engendre).

La question de la procréation est une préoccupation centrale chez l’être humain. Elle pose celle de la perpétuation de notre espèce, du renouvellement de notre population.

Cependant, jusqu’à quel point pouvons-nous intervenir dans cet acte créateur de vie ? Qu’entendons-nous par haute surveillance d’une gestation ?

Alors même que la convention d’Oviedo (Convention sur les droits de l’homme et la biomédecine du 4 avril 1997) prohibe la constitution d’embryons humains à des fins de recherche, d’autres limites semblent s’effacer. Aussi, rejoignons Paul Ricoeur dans sa réflexion : « (…) là où on envisageait une croissance illimitée, une extension sans fin des connaissances et des applications pratiques du savoir, entraînant le développement lui-même sans borne de l’éducation morale du genre humain, les moralistes d’aujourd’hui se mettent soudain à penser en terme de limites à poser et à imposer. »

Jusqu’où la science précèdera-t-elle l’éthique et le législateur ?

Comment transmettre aux étudiants la capacité de discernement éthique dans le soin ?

Pr Michel Hasselmann,
Directeur du site d’appui alsacien

Il est classique de dire que : « l’éthique ne s’enseigne pas ». L’être humain, l’animal pensant d’Aristote, est prédisposé à concevoir le discernement éthique, mais ce n’est que l’expérience qui le fait émerger. Le discernement éthique est le fruit d’un travail de la raison dans l’action de terrain où sont mises à l’épreuve les valeurs. Dès lors, comment faire pour que les étudiants acquièrent dans le soin une capacité au discernement éthique ?

Les enseignants pensent que des cours magistraux doublés d’un accompagnement de terrain permettent de transmettre la fibre éthique aux plus jeunes. Or, ceci est loin d’être sûr. Dans un article, Feeg et al. montrent que, souvent, les dilemmes éthiques entrevus ne sont pas compris de la même façon par les étudiants et les enseignants. Les auteurs ont questionné plus de 1600 étudiants et 600 enseignants de la National Student Nurses Association en leur demandant de : "Décrire un dilemme éthique auquel vous avez été confronté". L’analyse statistique a montré une différence significative entre ce que les étudiants et les enseignants avaient perçu et des différences constantes dans les thèmes retenus par ceux-ci et par ceux-là. Cette différence de sensibilité des plus jeunes comparée à celle des enseignants dégrade certainement la portée des cours magistraux. Alors comment faire ?

Un article récent de Jasemi et al. apporte un élément de réponse. Les auteurs comparent deux méthodes d'enseignement des codes de l’éthique du soin, l’une s’appuyant sur des jeux de rôle, l’autre sur des conférences et analysent leurs effets respectifs sur la sensibilité éthique et la performance éthique des étudiants en soins infirmiers. Un groupe témoin n’est soumis à aucune de ces deux formations.

Les résultats ont montré qu'il y avait une différence très significative dans les scores moyens de sensibilité éthique et de performance éthique entre les trois groupes, immédiatement et deux mois après l'intervention. Les scores étaient significativement plus élevés dans les groupes de jeu de rôle et de conférences par rapport au groupe contrôle après l'intervention, ce qui semblait prévisible, mais surtout, les scores moyens de la sensibilité éthique et de la performance éthique dans le groupe de jeu de rôle étaient très significativement plus élevés que dans le groupe des conférences.

Ainsi, l'enseignement des codes d'éthique par la méthode du jeu de rôle semble devoir être privilégié. Alors, bien sûr, ceux-ci peuvent être inventés et mis en scène « à l’ancienne » par les étudiants et leurs enseignants, mais dans le contexte actuel d’informatisation de la société, des applications numériques sont proposées. C’est ce que défendent Pavarini et al. en introduisant une notion nouvelle qu’ils nomment « Design Bioethics » (bioéthique de conception). Il s’agit, pour ces auteurs, d’un domaine d'innovation théorique et méthodologique prenant en compte de façon conjointe des données de bioéthique, de science de la santé et de conception technologique centrées sur l'homme. Il y aurait d’après eux un potentiel des outils numériques, en particulier des jeux numériques à s'aligner sur les cadres théoriques de la bioéthique pour la recherche empirique, en intégrant le contexte, la narration et l'incarnation dans la prise de décision morale.

Si cette perspective peut paraître séduisante à certains, d’autres la critiquent. C’est le cas notamment de Martschenko et al. pour qui des outils numériques spécialement conçus soulèvent d'importantes questions éthiques relatives à l'équité eu égard au risque de creusement du fossé numérique existant et du risque de discrimination numérique.

événements

Retour sur les manifestations réalisées ou soutenues par l'EREGE

Laure Pesch, coordinatrice du site d’appui alsacien

Le cycle de conférences Mardi Debout a repris du service !

Dialogue à trois voix : Ethique, Médecine et Science-Fiction

Initié par la BU sciences humaines Robert de Sorbon en partenariat avec le site d’appui champardennais de l’EREGE, ce cycle a pour objectif de proposer aux étudiants de Université de Reims Champagne-Ardenne (mais pas que !) de se questionner sur l’actualité et les enjeux de sociétés.
Un thème mensuel est ainsi décliné chaque mardi selon différents médias : projections, conférences, rencontres, tables rondes, etc. suivis d’échanges avec le public. Les séances sont gratuites et ouvertes à toutes et tous, elles ont lieu au Centre culturel du CROUS du Campus Croix-Rouge, ou au sein de la BU Robert de Sorbon, de 12h à 14h.

Cette année, en février et mars 2022, la bioéthique et ses évolutions dans l’espace et le temps ont été questionnés.
Le cycle s’est ouvert avec la projection du film Bienvenue à Gattaca, du réalisateur Andrew Niccol, qui date de 1998 mais toujours très actuel par ses réflexions sur les thématiques liées à la génétique. Il s’est poursuivi avec une intervention de Anne Gilson, Maître de Conférences à l’URCA, juriste spécialisée en droit de la bioéthique et membre du Conseil d’Orientation du site d’appui Champagne-Ardenne de l’EREGE. Elle a proposé de réfléchir sur les évolutions actuelles et la manière dont elles sont saisies ou non par le juridique, en France et ailleurs, en gardant le film d’Andrew Niccol comme fil rouge. Puis, le cycle s’est clos avec l’intervention de Pierre Clavel, néphrologue et spécialiste des liens entre éthique et nouvelles technologies, intervenant régulier au sein de l’espace de réflexion éthique, qui a ouvert le champ en s’intéressant à ce qui se disait de la médecine de demain, au travers de la littérature, des arts, du cinéma, et même de la recherche spatiale.

Mardi debout

Un printemps à l’EREGE : quand l’éthique rencontre le théâtre

Ce printemps, les collaborations de l’EREGE avec des troupes de comédiens ont été nombreuses. De quoi se questionner différemment, mais avec toujours beaucoup de curiosité.

Tout au long du mois de mars 2022, le site d’appui Champardennais de l’EREGE a proposé un cycle de spectacles interactifs : Les Conférences Improvisées, avec la troupe Once a Poney Time.
La troupe, menée par Garance Guierre, metteuse en scène, est intervenue dans la Marne et les Ardennes. L’objectif ? Diffuser auprès du plus grand nombre, sur les territoires, avec humour et décalage, la réflexion éthique dans les champs de la santé et de la bioéthique. A quatre reprises, avec des publics différents, les improvisations ont provoqué rire, émotion, indignation, réflexion.
L’improvisation a ainsi été mise au service du débat et de la réflexion éthique. En abordant sur un ton innovant, drôle et pédagogique des thématiques diverses et pas toujours simples, telles que le tact, la confiance, le doute, la certitude dans le soin, ou encore la question de la finitude humaine, la troupe a pu toucher un public bien plus large que celui des conférences plus classiques.
RDV en Lorraine pour la suite des aventures avec la troupe et l’EREGE !

OVO

Toujours en Champagne Ardenne mais aussi en Alsace, le projet OVO (Où-va-t-on) ? a permis d’aborder sous un angle à la fois drôle, interpellant et très intelligent les objets de la bioéthique, et l’environnement dans lequel nous vivons en tant que sujet : Couple 3.0, procréation, transhumanisme, dictature algorithmique, eugénisme, conséquences individuelles et sociétales des nouvelles technologies. Déclinée en une série de six épisodes, cet objet théâtral aborde avec pertinence de nombreux enjeux éthiques d’actualité.
OVO est un OVNI. Est-ce une série ? Un thriller ? Une comédie ? De la science-fiction ? Du burlesque ? Un conte philosophique ? De la réflexion sur le mode de l’anticipation mais pour le présent ? OVO interroge la question éthique par excellence, celle des li mites.
Dans un futur pas si lointain, le monde bascule… Dans ce monde gouverné par les biotechnologies, la robotique, les intelligences artificielles, et où tout se vend et tout s’achète, Eulalie, Malicia et Clovis, un « trouple » fraîchement marié, et « IL » leur domo-centrale dernière génération, forment une drôle de famille dont il manque encore un élément majeur. Cependant, grâce à la mise en scène de Céline d’Aboukir, la série nous propose plusieurs niveaux de lecture : celui des différents personnages et celui des problématiques plus sociétales, qui dépassent les individus.
Pour aller plus loin dans le questionnement, un débat a donc été mené avec des membres de l’EREGE, le public et les comédiens de la compagnie du Barraban, après chaque représentation.
L’utérus artificiel pourrait-il être une alternative à la GPA ? Toute innovation technologique dans le champ de la santé mène-t-elle forcément à un progrès sociétal ? La grossesse peut-elle devenir optionnelle pour avoir des enfants ? Faut-il être aisé financièrement pour avoir accès aux meilleurs produits sur le marché ? Les machines ont-elles des émotions ? Autant de questions qui se sont posées, et qui continuent à faire réfléchir, tant y répondre constituerait un impossible point final, peu compatible avec la réflexion éthique.

Enfin, en avril 2022, c’est dans le cadre du Curieux festival, à Strasbourg, que s’est produite une curieuse rencontre autour du mythe d’Hermès pour explorer les mystères de l’ARN. Avec Magalie Ehlinger, comédienne, auteur et metteuse en scène et Claude Sauter, chercheur en biologie moléculaire.
Grâce à une mise en scène qui permet un éclairage et une immersion propice à entretenir la curiosité, ce théâtre que l’on pourrait qualifier de scientifique permet de proposer au jeune public (et moins jeune !) une réflexion sur des thèmes parfois ardus avec une approche décalée.

Conférence improvisée
La loi de bioéthique

Cycle de webinaires du site d’appui lorrain


media

Des liens vers des émissions TV, radios, podcast, webinaires, conférences... intéressants du point de vue éthique

Hélène Gebel, coordinatrice régionale de l'EREGE

Radio

Quelles traces le Covid laisse-t-il dans nos vies ?

Alors que la France connaît un rebond épidémique, la majorité des restrictions est levée ce lundi 14 mars. Après deux ans de crise sanitaire, sait-on dire ce qui a changé dans nos vies ?
Avec Laetitia Atlani-Duault (Anthropologue et membre du Conseil scientifique sur le Covid-19, initiatrice du projet « Institut Covid-19 Ad Memoriam », plateforme de recherche et de réflexion collective qui a pour vocation d'évaluer les implications sociales de la pandémie), Raphaël Kempf (Avocat au Barreau de Paris).

Quelles traces le Covid laisse-t-il dans nos vies ? 38mn, France Culture
Radio

Comment le sage affronte-t-il la peur ?

Comment la sagesse antique nous enseigne-t-elle que tout le travail de la philosophie est de nous guérir non pas de la souffrance d'un danger mais de la représentation mentale de ce danger.
Par Frédéric Worms

Comment le sage affronte-t-il la peur ? 3mn, France Culture
Conférence

Anniversaire de la loi Kouchner

Revoyez en replay 6 conférences sur la loi nᵒ 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, aussi appelée loi Kouchner :

  1. La loi Kouchner dans les services d'urgence, par Pierre Valette MD, PhD, chef de service du SAMU 62. Discutant M. Olivier Dauptain (France Assos Santé)
  2. Droits des personnes protégées en matière de santé, par le Pr. Gilles Raoul-Cormeil (UBO), discutante Aurélie Cassarin-Grand (France Assos santé)
  3. La loi Kouchner et l'éducation des patients, par Nathalie Assez MD, PhD. Discutante Nathalie Paccot (AFD 60)
  4. Loi Kouchner et troubles cognitifs, par le Dr Véronique Danel, neurologue spécialistes des maladies dégénératives
  5. Indemnisation des accidents médicaux par les commissions créées par la loi du 4 mars 2002, par le Pr. Cécile Manaouil (UPJV), MD, PhD
  6. Consentement et autonomie : quels rapports, quels contrôles, quels autres repères possibles ?, par Stéphane Zygart, PhD (Université de Lille)
Anniversaire de la loi Kouchner, 1h46, Espace De Réflexion Ethique Hauts-De-France

culture

Tour d’horizon d’œuvres qui nous permettent d’aborder des questionnements éthiques de manière singulière

Hélène Gebel, Coordinatrice régionale de l’EREGE

Ethiques en séries, n°3

En thérapie ou qu’est-ce que la psychanalyse

par Claire Lefevre, membre du Conseil d'orientation lorrain de l'EREGE

Écrit par Olivier Nakache et Eric Toledano
Diffusée sur ArteTV

Lecture

Lecture

La Dame Blanche

Quentin Zuttion

L'accompagnement des personnes âgées en EHPAD

Infirmière à la maison de retraite « Les Coquelicots », Estelle jongle entre les soins, les parties de cartes et les morts solitaires. Mais comment faire face aux derniers sommeils et aux rêves inachevés ? En tissant des liens forts et intimes avec ses résidents, la jeune femme pourrait perdre pied et prendre goût à une liberté dangereuse…

Lecture

Les méduses n'ont pas d'oreilles

Adèle Rosenfeld

Dans le monde des sourds et des malentendants

Quelques sons parviennent encore à l’oreille droite de Louise, mais plus rien à gauche. Celle qui s’est construite depuis son enfance sur un entre-deux – ni totalement entendante, ni totalement sourde – voit son audition baisser drastiquement lors de son dernier examen chez l’ORL. Face à cette perte inéluctable, son médecin lui propose un implant cochléaire. Un implant cornélien, car l’intervention est irréversible et lourde de conséquences pour l’ouïe de la jeune femme. Elle perdrait sa faible audition naturelle au profit d’une audition synthétique, et avec elle son rapport au monde si singulier, plein d’images et d’ombres poétiques.
Jusqu’à présent, Louise a toujours eu besoin des lèvres des autres pour entendre. C’est grâce à la lumière qu’elle peut comprendre les mots qu’elle enfile ensuite, tels des perles de son, pour reconstituer les conversations. Mais parfois le fil lâche et surgissent alors des malentendus, des visions loufoques qui s’infiltrent dans son esprit et s’incarnent en de fabuleux personnages : un soldat de la Première Guerre mondiale, un chien nommé Cirrus ou encore une botaniste fantasque qui l’accompagnent pendant ces longs mois de réflexion, de doute, au cours desquels elle tente de préserver son univers grâce à un herbier sonore. Un univers onirique qui se heurte constamment aux grands changements de la vie de Louise – les émois d’un début de relation amoureuse, un premier emploi à la mairie, une amitié qui se délite. Le temps presse et la jeune femme doit annoncer sa décision…
Dans ce texte plein d’humour et de douceur, Adèle Rosenfeld tient en joue la peur du silence en explorant les failles du langage ainsi que la puissance de l’imaginaire. Les méduses n’ont pas d’oreilles est une plongée dans le monde des sourds et des malentendants, un premier roman éblouissant.

Lecture

Ce que nous sommes

Zep

Un thriller transhumaniste

Grâce au projet DataBrain, les humains disposent à la naissance d'un second cerveau numérique où sont directement uploadées des connaissances et des expériences virtuelles plus vraies que nature. Avec de simples programmes à télécharger, apprendre de nouvelles langues ou même assimiler la totalité du savoir de l'humanité n'a jamais été aussi simple et rapide. Du moins si, comme Constant, on en a les moyens. Mais un jour, à la suite d'un piratage informatique, il s'évanouit et se réveille en forêt, loin de la ville protégée,...

Un thriller transhumaniste

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Lecture

Rendre le soin aux soignants ! Appel citoyen de métiers du soin

Hamama Bourabaa

Agenda

Des annonces sur les formations et évènements scientifiques ou culturels à venir

Hélène Gebel, Coordinatrice régionale de l'EREGE

Impro et débats

Once a poney time, octobre 2022

Le site d’appui lorrain de l’EREGE vous invite à deux soirées d’improvisation et de débat, avec la troupe Once a poney time :

  • sur « Doutes et certitudes » : le 18 octobre de 15h30 à 17h30 au Centre culturel Le puzzle de Thionville.
  • sur « Qu’est-ce que la mort ? » : le 19 octobre de 17h30 à 19h30 au MJC Savouret d’Epinal

Les inscriptions à ces événements sont gratuites mais obligatoires !

Doutes et certitudes Qu'est-ce que la mort?

École d'Automne 2022

Enjeux éthiques et esthétiques de l’Intelligence Artificielle

La prochaine École d’Automne de l’ITI Lethica se tiendra du 28 au 30 septembre 2022 autour des enjeux éthiques et esthétiques de l’Intelligence Artificielle. Abordé dans le cadre de l’École d’Automne 2021, ce sujet a été choisi pour son actualité contemporaine, mais également pour son interdisciplinarité et sa proximité avec les quatre thématiques centrales de Lethica :

  • Révolution morale : accepterons-nous la présence d’intelligences artificielles dans nos vies ? Quel statut moral, juridique, philosophique leur accorderons-nous le cas échéant ?
  • Triage : dès lors que l’intelligence artificielle peut être appelée à faire des choix, comment anticiper sur ces éventuels arbitrages ? (cas, par exemple, des voitures automatiques).
  • Transparence et secret : La gestion de nos données personnelles peut-elle être confiée à une intelligence artificielle ? Faut-il avoir peur des Big Data ?
  • « Faire cas » : Une intelligence artificielle peut-elle « faire cas » ? Peut-elle être chargée de veiller sur les plus faibles (personnes âgées ; enfants) ? Peut-elle elle-même devenir un « cas », c’est-à-dire développer une forme de singularité ?

Pour discuter de ces questions, Lethica a choisi de solliciter des spécialistes issus de domaines variés (littératures, éthique, arts, mais aussi informatique et philosophie) : certains invités sont des chercheurs polyvalents, situés à la croisée de plusieurs disciplines ; d’autres sont engagés dans des pratiques de recherche et de création (ou de recherche-création) ; d’autres encore sont des artistes ou des écrivains bénéficiant d’une reconnaissance nationale et internationale.

Liste des participants :
Du côté de l’éthique :

  • Martin Gibert, chercheur en éthique de l’intelligence artificielle et des données massives, (Université de Montréal).
  • Jean-Gabriel Ganascia, informaticien et philosophe, président du Comets (Comité d’éthique du CNRS), membre de l’EurAI (European Association for Artificial Intelligence) et du directoire MURSS (Mouvement Universel pour la Responsabilité Scientifique).

Du côté des spécialistes de la littérature et des arts :

  • Hugues Bersini, professeur d’informatique à l’Université Libre de Bruxelles et romancier.
  • Marc Porée, professeur de littérature anglaise à l’École Normale Supérieure.
  • Laurence Dahan Gaida, professeur de littérature comparée, directrice du Centre de recherches Interdisciplinaires et Transculturelles de l’Université de Franche-Comté.
  • Anthony Masure, professeur associé à l’Institut de Recherche en art et en design (IRAD) à la HEAD Genève.
  • Anthony Mangeon, professeur de littératures francophones à l’Université de Strasbourg, coordinateur de LETHICA.
  • Loïc Besnier, doctorant sous la direction de Catherine Allamel-Raffin (Archives Henri-Poincaré, Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies).

Du côté des artistes et des écrivains :

  • Josselin Bordat, romancier, musicien et journaliste, auteur du roman Le_zéro_et_le_un.txt (2019).
  • Antoine Bello, romancier, auteur de Ada (Gallimard, 2016). [sous réserve]
  • Paolo Cirio, artiste conceptuel, spécialiste du « hacking artistique » et du « hacking éthique ». Site de l’artiste
  • Collectif Obvious, collectif d’artistes et de chercheurs français qui utilisent l’IA comme outil de création. Site du collectif.
  • Marion Balac (École Supérieure d’art de Clermont Métropole/École supérieure d’art et de design, Marseille Méditerranée), créatrice du chatbot « Marion ». Site de l’artiste

Inscriptions et infos